28 juin 2006

Un peu d'auto-censure s.v.p.!

PS : Louka, j'ecris ce message en pensant a toi! Mouuuuuuuuuuuuuan! ;)

Ce n'est pas ce que je porte habituellement comme discours, mais la, j'aimerais ca que les medias s'auto-censurent un peu plus.

Je vous l'ai deja dit, pas mal tous les jours je lis le journal. Le "Nuevo Diario" que ca s'appelle. C'est un journal plutot de centre ou centre-gauche et jusque la, ca va.

Mais c'est quand je regarde les nouvelles televisees que ca se gache. Les journalistes et les cameramans d'ici n'ont AUCUNE censure. Ils font des gros plans sur les jambes cassees et les blessures ensanglantees, croyez-moi, du grand spectacle.

Par exemple l'autre jour, un fetus d'environ 4 mois a ete retrouve a la Chureca. Le cameraman a fait un gros plan sur la depouille, c'est tout juste si on ne voyait pas la main du cameraman qui essayait d'enlever les mouches pour qu'on soit certain de tout voir clairement. Au milieu des dechets, des camions, des animaux et des gens qui cherchent du materiel a recycler, je vous laisse imaginer la scene...

Cote ethique, une reflexion serait aussi a faire, principalement du cote tele. Chaque jour on voit la scene d'un accident ou d'une arrestation, et la on voit un journaliste qui harcele la personne interceptee en lui posant 1001 questions. Les topos durent des minutes et des minutes, tout cela sous les yeux des policiers qui attendent tout bonnement que les medias soient bien rassasies. Ca ne fait qu'un mois que je suis ici et combien de fois ai-je vu les agents regarder les preuves sous les cameras, directement sur les lieux du crime. Si la personne interceptee n'etait la que par hasard, elle peut dire adieu a sa reputation!

Et quand je parle d'ethique, je pense aussi a cette nouvelle dont je vous parlais concernant le fetus. Quand ils en ont eu assez de montrer la longue sequence d'images, la journaliste a termine son topo en disant : "Comment une femme a-t-elle pu ainsi refuser a ce petit etre le droit a la vie?" Cette phrase ma sciee en deux! J'en revenais juste pas! En plus, l'avortement est interdit au Nicaragua et y'a tellement de cas de jeunes filles abusees...

Et vous, qu'en pensez-vous?

Ahhhhhhh! Que j'aime le bruit des vagues!

Samedi dernier c'etait notre premiere fin de semaine libre depuis le debut du projet. Un groupe de 6 personnes se sont dirigees vers Leon au nord, les 3 autres ont visite Masaya au centre. De mon cote, je me suis dirigee vers le sud, plus precisement a Bahia Majagual pres de San-Juan-del-Sur.

Je suis allee y rejoindre Marta qui participait a une fete...de Suedois! Ben oui. Pis des Suedois ensemble, qu'est-ce que ca fait? Ben oui, ca parle suedois!

J'ai donc passe le weekend a ne rien faire, sur la plage ou dans la mer, peu importe. Juste rien faire au son des vagues et des "monos congo", c'etait parfait!

Les monos congo, ce sont des singes qui ont un cri particulier, un bruit a mi-chemin entre un animal feroce et le tonnerre qui gronde. C'est assez impressionnant de les entendre a proximite. Surtout quand on finit par se rendre compte qu'on en a juste au dessus de notre tete, juste la sur les hautes branches! Ce qui est surprenant, c'est qu'a les entendre, on s'imagine qu'ils sont gigantesques... En relalite, ils ne le sont pas du tout!

Cette fin de semaine m'a donc fait le plus grand bien. Boire des jus d'ananas sous la grande hutte au son des vagues, ou juste flaner dans un hamac... J'ai fait le vide et le plein, manquait juste mon amoureux pour me faire des bisous sur la plage parmi les crabes... ;)

Sinon le projet suit son cours. Ces jours-ci y'en a quelques-unes qui sont malades. Rien de grave, mais je sais que ce n'est jamais bien agreable de devoir demeurer au lit dans la chaleur, surtout quand ce n'est pas le notre!

Mais le groupe va bien et les activites prennent leur envol. On a aussi un groupe de 19 jeunes de Montreal et Cobourg en Ontario qui sont dans le coin pour 2 semaines. D'ailleurs ca me fait penser a une anecdote, question de vous prouver que le monde est petit...

Chez nous habitent les 4 accompagnateurs de ce groupe de jeunes. Quand j'ai su que 2 d'entre-eux venaient de Cobourg, je leur ai dit que des amis a nous sont demenages la dans la derniere annee. Sebastien qu'il s'appelle notre ami. Ben figurez-vous donc que la fille me repond : "Je pense que ma grand-mere le connait!"

Cette grand-mere en question, c'est une dame d'origine francaise qui a peur de perdre son francais dans cette communaute anglophone. Il parait donc qu'elle s'empresse d'aller vers les nouveaux venus francophones pour pratiquer son francais!

Alors Sebastien, tu la connais cette vieille dame ?! Si oui sa niece te salue du Nicaragua!

Bon, je me sauve! Encore une fois j'aurais pleins d'histoires a raconter mais je m'arreterai ici. Prenez soin de vous, et c'est toujours un plaisir de vous lire, aussi discrets soyez-vous devenus pour certains... ;)

Mouuuuuuuuuuuuuuuuuuan!

Marjo xx

21 juin 2006

Gouvernement de Suède, je vous aime!

Je profite de cette tribune pour rendre hommage au gouvernement suédois.

Samedi dernier, Martha me demande si j'ai envie d'aller me baigner dans la piscine d'un diplomate suédois qui est partie en vacances dans son pays. Euuuhhhh... Je pense que OUIIIIII!!!

C'est donc avec une joie à peine contenue que nous nous sommes rendues dans ce havre de paix au milieu de la ville. Un gardien nous a ouvert la grille et fait traverser la maison vers la cours arrière et la piscine creusée digne des meilleures habitations de Westmount... ;) Une maison sur un seul étage mais faite sur le long, genre qu'il faut prendre une marche pour se rendre à la cuisine, et une autre marche pour revenir au salon.

Quatre heures de pur bonheur à faire le crapet dans la piscine en regardant les fleurs et les palmiers, à manger des mangues tombées du manguier et à somnoler dans le hamac en écoutant "Echo, echo, echo... La radio más romantica!"

Le diplomate en question revient au pays le 30 juin. Il nous reste donc à peine une semaine pour renouveller l'expérience. Je vais faire mon possible pour ne pas rater l'occasion d'y retourner!

Mesdames et messieurs du gouvernement suédois, encore une fois merci!

Bonne fête Laurence!

Cette semaine, c'était la fête à Laurence, une des stagiaires du groupe. Ma mère adoptive et moi avons donc organisé une petite fête en son honneur dimanche soir. Sauté de légumes au tofu, riz et salade de pâte au poulet étaient au menu, tandis qu'une demie chaudière de "refresco" maison (jus de fruits) était à la disposition des invités pour étancher leur soif!

Nous avons débuté avec une "piñata", vous savez ces personnages de papier remplis de bonbons sur lesquels on frappe avec un baton les yeux bandés. J'aurais aimé vous montrer la swing splendide de Martha dans sa robe rouge à pois blancs mais j'ai oublié ma caméra à la maison. Et puis le gâteau!!! Un immense gâteau blanc entrecoupé de "dulce de leche" (genre de caramel) et recouvert d'une épaisse couche de crémage bien sucré! On est rendu mercredi, il nous en reste encore dans le frigo. Le pire, c'est que lundi au centre les femmes du cours de pâtisserie ont aussi préparé non pas 1, mais 2 gâteaux pour l'anniversaire de Laurence! C'est donc avec les jeunes du centre que nous avons joué à "coller la queue de l'âne" et mangé du gâteau!

Encore bon anniversaire Laurence!

Les débuts du projet

C'est la semaine dernière que nous avons commencé le travail que nous sommes venus faire ici. Les stagiaires sont toujours en adaptation et chaque jour y'a quelqu'un qui vit quelque chose d'innatendu (maladie, ennuie, conflit, etc.). Je commence à comprendre ce que les filles de Plan Nagua voulaient dire quand elles disaient que c'est "intense" accompagner un groupe!!! Mais sérieusement, je me sens bien dans mon rôle et je fais de mon mieux pour accompagner la gang dans leur cheminement personnel et de groupe. J'ai hâte d'être rendue à la fin pour pouvoir regarder en arrière et voir tout ce qu'on aura accompli!

Les stagiaires ont mis sur pied un calendrier d'activités qu'ils vont faire AVEC et POUR les jeunes du centre. Il y aura des ateliers de sculptures de papier mâché, de la course 3 fois/semaine pour culminer par l'organisation d'un mini marathon de 5 km, des entraînements et un tournoi d'ultimate freesbee, des ateliers de sensibilisation à l'hygiène dentaire, des ateliers de relaxation, des ateliers de yoga/arts martiaux, des cours de français et d'anglais, l'élaboration d'une murale sur le thème des aspirations des jeunes, des ateliers et un tournoi d'improvisation, un groupe de discussion, des interventions auprès de jeunes parents, etc! Et le tout culminera probablement par une fête de rue quelques jours avant notre départ!

C'est certain qu'il y a des jours où la motivation des stagiaires n'est pas toute là... C'est qu'il y a une construction en cours au centre, ce qui fait que l'environnement est toujours bruyant. C'est vraiment agressant parfois. Et puis les jeunes d'ici sont en période d'examens présentement, ce qui fait que plusieurs d'entre-eux ne viennent pas au centre comme ils le feraient à l'habitude. Il y a donc une baisse de l'achalandage. Mais j'essaie de leur faire comprendre du mieux que je peux que leur seule présence aux activités du centre l'après-midi a un impact sur la vie de ces jeunes. Ça leur permet de voir un autre point de vue, d'ouvrir de nouveaux horizons.

Y'a aussi des stagiaires qui commencent à tisser des liens avec les jeunes. C'est le fun, ils commencent à avoir de belles conversations, de vrais échanges qui vont au-delà du "Salut, comment tu t'appelles et ça ressemble à quoi le Canada?". C'est trippant d'entendre un jeune dire à un autre jeune "Ben oui, tu peux y croire à ton rêve, y'a rien d'impossible!"

Bonne semaine!

Marjo xx

PS: Pierre, de notre côté on va fêter la St-Jean vendredi PM en présentant une pièce de théâtre sur l'histoire du Québec, en dégustant du pain au banane, des biscuits au beurre d'arachide, des bonbons aux patates et des ti-macarons, tout en écoutant de la musique québécoise et en jouant à des jeux! Bonne St-Jean à toi aussi! ;)

14 juin 2006

Smoooooooooth!

PS : Désolée, ce message est en anglais. Le prochain sera dans la langue de Molière!

I had to come to Nicaragua to read the newspaper every morning. I like to read about what's going on daily in this country. For example I am always surprised to see the messages adressed to secret donators who responded to people calling out for certain medicines, etc. The message is always accompanied by a photo of the person holding the precious medecines in her hands...

But in the newspaper I also read about cultural life in Nicaragua, especially here in Managua. I have to admit that's one of the advantages of being in a big city compared to those who live in more rustic areas. So yesterday morning, while eating my "gallo pinto" and my "refresco de arroz y pina", I saw that "Smooth", a french band, was giving a concert the same day in the national dancing school.

So I went! It was great to dance by the palm trees. Smooth started here a central america tour, and I was pleased to hear that they will then go the Montreal Jazz Festival! Their sound is a mix of electro-rock-soul. It was good, we had a great time! Smooooooooooooooooooth!

La Chureca - part 2

Yesterday I went to "2 Generations", an organisation dedicated to children of the Chureca, the public dump located in my neighbourhood. They gave me a brochure about what they do for these children and their families. Here are some incredible facts :

When 2 Generations started their work in 1992, they estimated that about 200 kids were going to the dump every day to work for a little family income. Today, they estimate the number to be as big as 700 kids. That growth went along with the increase of poverty here in the country.

The size of the Chureca is approximately 40 hectars. Every day, the city trucks bring 900 tons of "new" garbage. That dump is the only mean of survival for more than 1000 people that all day long search the garbage in the hope of finding stuff they could recycle, sell or use on the spot. A job without any holiday or Sunday off...

The odor is unbearable due to food and dead animals decomposing, mixed with the excrements of the animals that gaze there. Yes, cows, pigs, cats and dogs also look for food there. Let's add to that the fact the Lake Managua is only few meters away from that lovely place...

According to a study conducted by 2 Generations in 2000, more than 50% of the people that work in the Chureca are under 18 years of age. Those who are under 14 work an average of 4 hours a day, while the 15-20 group work 8 hours daily. They estimate that 25% of the 15-20 group never attended school. A lot of the kids encouter skin problems, broncho-respiratory illness or severe sunburns. Needless to say that the socio-sanitary conditions are very bad. The kids also work in a violent environment, and little girls are sometimes sexually abused. Last year 3 kids died from eating chocolate they found in the dump. It was in fact rat poison that had been trowned away...

I could keep going on and on about facts and horrific stories we hear about the Chureca. But what you have to know is that there is organisations like 2 Generations that work with those kids and their families. They first try to protect the kids in the dump, try to get to know their families, try to get the kids into school and therefore reduce their working hours in the dump. In the brochure we can read some nice stories about kids that made it all the way to university, something they couldn't even dream of as kids...

Let's hope 2 Generations will one day disapear... That would mean the problem would be solved. But for now that thought remains a dream and 2 Generations call out for government, civil society and private sector to get together and adress the poverty problem in Nicaragua. There is still a lot of work to be done here.

Take care, and give your kids a hug.

Love, Marjo xx

11 juin 2006

La Chureca

PS : Jen, Ajool, Red, I promise the next text will be in english!

Avant de débuter, je vous demanderais d’observer une minute de silence.

Une minute de silence en l’honneur de votre mère, de votre grand-mère et de toutes ces femmes qui hier, et encore aujourd’hui, font leur lavage à la main. Lorsque vous aurez observé ce moment de recueillement, je vous inviterais à vous lever et à vous diriger immédiatement vers cette machine extraordinaire qui vous permet de vous vêtir proprement à toute heure du jour et de la nuit. Faites-lui une caresse. Dites-lui combien vous l’aimez et combien vous appréciez sa présence. Remerciez-la pour ses bons services et jurez-lui fidélité jusqu’à la fin de ses jours. Elle vous le rendra aux centuples… ;)

Mais un peu plus sérieusement, mon texte d’aujourd’hui s’impose de lui-même. Le contraste est trop grand. Le fossé qui nous sépare est trop profond.

La semaine qui vient de se terminer en était une d’acclimatation pour le groupe. Nous n’avons donc pas travaillé, nous avons plutôt visité les ruines d’Acahualinca (le quartier où nous habitons), un marché d’artisanat, le Palacio Nacional (musée de la culture), en plus de passer du temps au centre pour faire connaissance avec les jeunes avec qui nous passerons l’été. La semaine a été plus intense pour certaines personnes que pour d'autres, et toutes se sont acclimatées à leur manière. Mais vendredi matin, nous sommes entrés à La Chureca…

La Chureca, c’est le dépotoir de Managua. Un des plus gros en Amérique Latine semble-t-il. La Chureca est située à environ 20 minutes à pied d’où nous habitons. On traverse d’abord une section d’Acahualinca où la plupart des rues sont en terre battue. Les petites maisons y sont plutôt…comment dire…rustiques? Déjà que ça nous semble un peu surréel parfois de nous promener dans Managua et de voir une jolie maison peinte en rose ou en bleu, et puis juste à côté une maison et sa clôture faites de vieux bouts de bois, de vieux plastiques et de vieilles tôles. Alors dans cette partie d’Acahualinca, disons que la concentration de ces « maisons » est plus grande. Vous remarquerez que j’ai mis le mot « maison » entre guillemets car cela n’a rien à voir avec notre conception nord-américaine de la chose.

Imaginez la scène un moment : Huit étrangères, blanches de surcroît, accompagnées de quelques ados du coin qui défilent dans ce quartier où les Nicaraguayens eux-mêmes n’osent parfois pas aller. Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous ne passions pas inaperçues. C’est ainsi que nous nous sommes rendues jusqu’à une centaine de mètres à l’intérieur de la Chureca.

La scène était incroyable : des déchets, des millions et des millions de déchets à perte de vue. Des chiens, quelques vaches et un taureau qui cherchent leur pâture dans cet amas d’immondices issus de notre consommation à nous, les êtres « humains ». Nous sommes entrés à pied en marchant sur la balance où les camions se font peser. Des petits feux de déchets ça et là, une vision d’apocalypse post-moderne. Des larmes d’impuissance ont coulé sur les joues de certaines d’entre-nous. D’autres sont restées bouche bée. Mais une chose est certaine : la Chureca ne peut laisser personne indifférent.

Une jeune fille s’est approchée de nous. Onze ans qu’elle avait je crois. Eleana qu’elle s’appelait. Elle nous souriait, un peu gênée. Mais ce qu’elle était belle avec son sourire étincelant. Elle portait une jupe marine pour l’école et un chandail en lambeaux. Elle a échangé avec nous quelques minutes. Nous l’avons quitté en la saluant et en lui souriant. J’imagine qu’elle est retournée travailler.

Environ 300 familles vivent DANS la Chureca. Vous avez bien lu : 300 familles qui se réveillent, travaillent, mangent et dorment tous les jours DANS la Chureca. Nous n’y avons passé qu’une quinzaine de minutes et c’est vraiment le genre d’endroit où vous respirez par la bouche au lieu du nez (non Marc, ça goûtait pas!). Ces familles fouillent les ordures à la recherche de tout ce qui peut se recycler : contenants en verre, sacs de plastique, bouteilles de boisson gazeuse, métal, etc. Ces objets sont ensuite vendus à d’autres familles qui se chargent de les nettoyer et de mettre les couvercles correspondants pour les revendre en gros à un prix supérieur. C’est ainsi que des centaines de familles d’Acahualinca vivent de la Chureca. Qu’ils vivent à l’intérieur ou aux alentours, ce dépotoir permet à des milliers de personnes, du plus jeune au plus vieux, de lutter pour leur survie.

Je n’ai pas beaucoup parlé en sortant de la Chureca. Des camions entraient pour aller déverser leurs déchets, des gens venaient à pied avec leur « pic » à la recherche de quelques rebuts qui leur rapporteraient quelques cordobas. J’ai croisé un vieil homme qui chantait en attelant son cheval à sa petite charrette. Il m’a souri. C’était probablement pour lui un matin comme tant d’autres. Pas pour nous.

Pleins de questions nous assaillaient : Pourquoi, en 2006 et avec toute la richesse qui existe sur notre planète, est-il permis que des êtres humains, que des enfants, vivent et travaillent dans de telles conditions? Que fait le gouvernement? Que font les organisations de la société civiles? Que pouvons-nous faire? Que puis-je faire? Pourquoi eux et pas nous?

Il existe bien quelques organisations qui viennent en aide principalement aux enfants de la Chureca. Y’a un « père » entre autre qui a mis sur pied une école pour ces enfants. Ces derniers y reçoivent donc nourriture et éducation, tout en se faisant évangéliser en passant… Mais le problème est tellement grand. Par où commencer?

Au retour nous avons discuté avec les jeunes qui nous avaient accompagnées ainsi qu’avec Léana, la travailleuse sociale de ACJ, l’organisation avec laquelle nous travaillons. Bien que la discussion fût fort intéressante, plusieurs questions demeurent pour moi sans réponse. Elles le demeureront probablement encore longtemps…

Mais elle est aussi belle, la vie à Acahualinca!

Mais elle est aussi belle, la vie à Acahualinca! Par exemple, aujourd’hui avait lieu dans le quartier une fête pour les jeunes. En l’honneur de la semaine de la jeunesse qui vient de se terminer, des clowns animaient les jeunes du quartier. Des courses dans des poches de patates, des courses avec une un œuf dans une cuillère qu’on tien avec la bouche, etc. Un acte de théâtre sur les droits des enfants a aussi attiré notre attention. On y expliquait que les enfants ne devraient pas être dans la rue à vendre des bouteilles d’eau. Que les enfants ne devraient pas travailler. Que les enfants ont le droit de jouer, etc. De l’intervention théâtrale bien adaptée quoi...

Des nouvelles du conflit avec Union Fenosa

Un appel avait été lançé afin que les citoyens de Managua se rassemblent devant les bureaux d’Union Fenosa, la compagnie d’électricité privée qui fait la pluie et le beau temps en coupant où et quand bon lui semble. Ben vous voulez savoir? À peine plus d’une centaine de personnes se sont présentées.

Je me suis posée la question : pourquoi est-ce que les gens ne se sont pas mobilisés? J’ai l’impression qu’ils sont tellement habitués à subir les sautes d’humeur des grands de ce monde qu’ils courbent l’échine. Ils sont aussi, pour beaucoup d’entre eux, pas mal plus dans un mode de survie que nous les nord-américains... Mais quand j’y pense, je me dis que ceux qui fraudent – et il y en a beaucoup – ne se bousculent certainement pas pour critiquer. Et puis ceux qui ont les moyens de payer, ben ce sont ceux qui travaillent... Ils sont donc au boulot le vendredi matin...

Bref, j’étais ben déçue de regarder les nouvelles vendredi! Pas que les nouvelles sont habituellement réjouissantes, mais bon...

Allez, je me sauve ! J'aurais bien d’autres choses à vous raconter mais faut que j’en garde pour une prochaine fois !

Mouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuan ! Et comme d’habitude, c’est toujours un plaisir de vous lire...

Marjo xx

PS : Si jamais vous voulez m’écrire et m’envoyer le tout avec un bon vieux pigeon voyageur, voici l’adresse où envoyer le courrier. Mais ne tardez pas trop, je ne sais pas combien de temps le pigeon prendra pour se rendre jusqu’ici…

Casa de Dennis Medina A/S Margo Leblanc
De las huellas de Acahualinca 2½ al lago
Calle principal, a mano derecha
Managua
NICARAGUA

04 juin 2006

Des petites photos du dimanche!

Je serai breve, le groupe est arrive hier soir, tout le monde est la, tout le monde va bien, les bagages etaient tous au rendez-vous. Ouf!

Aujourd'hui je voulais juste vous presenter quelques lieux et quelques personnes.

Tout d'abord ici a droite, c'est la vue du parc Tiscapa a Managua. Vous avez en fond de la photo le lac Managua, lac pres duquel est situe le quartier ou nous allons travailler. Nous sommes alles marcher dans ce parc tout a l'heure, c'est presque du direct! ;)






Ici a la gauche, c'est une photo que j'ai prise dimanche dernier. Nous sommes alles diner dans ce decor enchanteur, agremente d'une petite brise fraiche. Ca faisait du bien!





A droite je vous presente Fernanda, la petite-fille de Telma et Dennis, les gens chez qui j'habite.







Et la je vous presente Telma, ma nouvelle maman Nicaraguayenne! Mais maman Denise, t'as pas a t'en faire, tu resteras toujours LA maman pour moi!


Bonne semaine a vous! Marjo xx

03 juin 2006

Privatisation, quand tu nous tiens!

Vous avez passe une bonne semaine? Ici la semaine a été plutôt chaotique. Vous vous souvenez, je vous ai parle d’un conflit avec la compagnie privée d’électricité. Cette dernière s’appelle « Union Fenosa ». Retenez bien ce nom : Union Fenosa. Si un jour on vous offre de faire affaire avec cette entreprise, sauvez-vous en courant!

Depuis que l’énergie a été privatisée ici, Union Fenosa fait la pluie et le beau temps. Mais cette semaine des sommets inégalés d’arrogance ont été atteints par cette compagnie. Cette dernière se plaint que le gouvernement lui doit de l’$. Elle se plaint aussi de la fraude dont elle est victime, de plus que la hausse du coût du pétrole qui augmente ses coûts de production.

Pour se faire justice, Union Fenosa a procédé cette semaine a des coupures aléatoires sans précédent. Une heure ou 2, le monde ne chiale pas trop. Quatre a 6 heures, le monde commence a rouspéter pas mal. Mais de 6 à 12 heures, c’est vraiment inacceptable! Avec la chaleur qu’il fait ici, imaginez juste ce que ça représente de passer plusieurs heures sans électricité. Plus de ventilateurs pour la population en général, mais surtout pour les enfants et les personnes âgées... Plus de réfrigérateur pour conserver la nourriture dans les maisons et conserver les médicaments dans les pharmacies… Plus de réfrigérateur pour les petits commerçants qui perdent une bonne partie de leur marchandise parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir une génératrice et de la gazoline… Et le pire, même plus d’eau pour des villages entiers qui puisent leur eau d’un puit a l’aide d’une pompe électrique.

Bref, jeudi dans le journal un appel était lance pour une manifestation nationale qui se tiendrait vendredi prochain. Le journal parlait d’une mobilisation sans précédent au pays! Bon, bon, ne vous en faites pas Plan Nagua, même si c’est pas l’envie qui manque je n’irai pas a la manifestation… ;) Et puis vendredi matin, c’était Union Fenosa qui s’adressait aux medias pour dire qu’elle arrêtait ses coupures, qu’elle arrêtait sa « rationalisation ». Vous voyez, ça donne quelque chose des fois la mobilisation! ;)

Mais j’ai peut-être parlé trop vite, j’ai dû m’arrêter 2 bonnes heures, on vient encore de manquer d’électricité…


Privatisation du système de santé, toi aussi quand tu nous tiens!

Compte tenu de mes dernières années de travail a militer dans le milieu communautaire au Québec pour un système de santé public, universel et gratuit, je ne peux pas m’empêcher d’être sensible a ce que je vois ici en matière de système de santé et de services sociaux.

Pas un seul jour ne passe ici sans qu’a la télévision, dans les journaux et a la radio on ne présente le cas de quelqu’un qui est malade et qui n’a pas les moyens de se payer la médication nécessaire à son traitement. PAS UNE SEULE JOURNEE. Des femmes, des hommes, des enfants, du plus jeune au plus vieux, des gens ordinaires qui se retrouvent a l’hôpital et qui n’ont pas les moyens de payer les médicaments que leur prescrivent les docteurs, ou pire, qui n’ont pas les moyens de payer la liste de matériel nécessaire pour une intervention chirurgicale. Parce oui, dans le système public ça se peut que tu sois oblige de payer le scalpel, les calmants et le fil qui servira a te recoudre. Pas pire hein?! Et pendant ce temps, dans les hôpitaux privés on ne manque de rien…

Il parait que dans les dernières semaines s’est arrêtée une grève des travailleurs de la santé qui a duré plus de 6 mois. Imaginez… Pendant près de 6 mois, seuls les services d’urgence ont été assurés. C’est donc dire pendant près de 6 mois, des centaines, voir des milliers de personnes sont mortes parce qu’elles n’ont pas reçu les soins qui auraient peut-être sauvé leur vie. Des médecins sont même allés jusqu’à faire la grève de la faim et 2 d’entre eux se sont retrouvés dans un état critique dû à une sous-alimentation…

Les travailleurs de la santé reçoivent un salaire de crève-faim. Ils demandaient donc une hausse de leur salaire qui leur permettrait de rejoindre la moyenne des salaires gagnés dans ce secteur en Amérique Centrale. Mais voilà, la Banque Mondiale s’en est mêlé et a menacé le pays de retirer les prêts versés si le pays allait dans le sens d’une hausse de leur salaire. Ainsi le gouvernement a proposé aux travailleurs de la santé un projet de loi s’ils arrêtaient la grève. Ce projet de loi propose une hausse de 30% de leur salaire. Sauf que 30% de pas grand-chose, ça ne fait encore que pas grand chose. Et au moment de vous écrire ces lignes, ils n’ont pas encore vu la couleur de cette augmentation.

Bon, je m’arrête ici pour aujourd’hui. Je pourrais encore continuer avec la hausse du tarif du transport en commun et la grève des étudiants à cet effet. Mais bon, vous allez penser que rien ne va plus ici et que c’est l’apocalypse. Je dois avouer qu’avec tout ce qui se passe, la vie des Nicaraguayens n’est pas ce qu’il y a de plus reposant. D’une certaine façon, je comprends celles et ceux qui rêvent d’une meilleure vie au Costa-Rica, aux Etats-Unis ou au Canada. Mais je veux vous dire une dernière chose : mardi c’était la fête des mères ici et Telma m’a emmenée avec eux pour aller visiter le grand-père à la campagne et le cimetière ou sa mère a été enterrée. Dans la voiture, nous avons emmené la petite voisine de 6 ans avec nous. Vanessa qu’elle s’appelle. Et au retour dans la voiture, du siège de devant Vanessa me regardait et me faisait de beaux sourires derrière, dans les rayons du soleil couchant. Elle était si belle, si pleine de vie… Alors ne serait-ce que pour elle et pour son avenir, personne n’a le droit de baisser les bras. Ni ici, ni au Canada, ni nulle part ailleurs.

Passez une bonne semaine. De mon côté le groupe arrive ce soir, ça sera donc une grosse semaine pour eux et pour moi, une semaine d’adaptation, une semaine intense…

Des plus nouveaux (salutations André!) aux plus anciens (Bridge, t’es toujours vivante?!), merci de tous vos petits mots que je lis toujours avec sourire et délice. Pardonnez-moi de ne pas répondre toujours directement, mais je vous salue et vous embrasse chaleureusement toutes et tous!

Hasta la semana proxima!
Marjo xx

PS : Sur la photo, c'est Diego, le petit-fils de Telma...